Neutralité du Net en France : la dangerosité d’imposer du filtrage aux hébergeurs

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L’impact d’Hadopi sur le P2P en France

La “loi” Hadopi aurait un impact assez efficace envers les utilisateurs lambdas qui utilisent le protocole P2P pour s’échanger des contenus non libres de droit. C’est en tout ce qu’affirme cette étude récente (Investigating the reaction of BitTorrent content publishers to antipiracy actions) menée par plusieurs chercheurs internationaux, dont des chercheurs de l’Institut-Mines Télécom – Télécom SudParis.

Comme l’indique cette étude :

En comparant avec les autres uploadeurs, ceux situés en dehors de nos frontières, nous avons remarqué que le nombre d’éditeurs mettant en ligne des contenus depuis l’hexagone avait diminué de 46 % entre une première période située en avril-mai 2010 et une seconde, en octobre-décembre 2011

En revanche le nombre total de contenus partagés depuis la France a augmenté de 18 %.

Si on regarde plus précisément, l’activité des uploaders occasionnels, qui partagent temporairement et avec des connexions à Internet de faible capacité aurait chuté de 57 % entre 2010 et 2011. A contrario, les “uploaders professionnels”, qui mettent en partage des contenus pour alimenter des sites de torrents, seraient devenus plus actifs encore qu’auparavant. Ainsi, 29 des 100 uploaders les plus actifs de The Pirate Bay seraient originaires de France si on en croit leur adresse IP.

L’engouement pour OVH

Mais pourquoi un tel engouement pour la France ? Parce que OVH, premier hébergeur européen est très attractif pour les uploaders professionnels. En effet, OVH propose des serveurs dédiés que beaucoup de professionnels utilisent comme seedbox (un serveur dédié à la réception et l’émission de fichiers).

Et là, l’étude se met un doigt dans l’oeil. Elle pointe le laxisme d’OVH vis-à-vis de l’utilisation du P2P sur ses serveurs.

Nous avons contacté OVH pour avoir quelques informations sur sa popularité parmi les éditeurs BitTorrent professionnels, et avons appris qu’OVH ne surveillait pas activement ses clients sauf si une violation est rapportée par un tiers et que le client ne cesse pas son activité. Une telle stratégie de surveillance passive est inhabituelle. Ces dernières années la plupart des hébergeurs ont adopté des politiques de surveillance strictes pour empêcher la distribution de contenus protégés par les droits d’auteur depuis leurs serveurs à travers des applications P2P.

Pourtant OVH respecte scrupuleusement la loi en ne surveillant pas l’usage que font ses clients des serveurs dédiés loués. En France, l’article 6.7 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique indique que les sociétés d’hébergement de données :

ne sont pas soumises à une obligation générale de surveiller les informations qu’elles transmettent ou stockent, ni à une obligation générale de rechercher des faits ou des circonstances révélant des activités illicites.

Une riposte graduée pour les hébergeurs ?

Mireille Imbert-Quaretta, présidente de la commission de protection des droits de l’Hadopi, ne semble pas être en accord avec ceci et propose la mise en place riposte graduée à l’encontre des hébergeurs dans des propositions d’amendement formulées au ministère de la Culture. Concrètement, il s’agirait d’obliger les hébergeurs à filtrer pro-activement ce qu’ils stockent, et à les mettre en garde en cas d’infractions. Puis s’ils refusent d’améliorer leurs technologies et pratiques de filtrage, l’autorité publique pourrait décider de rendre public le comportement de cette plateforme dans le cadre d’une procédure d’alerte, laquelle pourrait aller jusqu’à demander le blocage de noms de domaine ou serveurs.

Une absurdité sans nom.

La dangerosité d’une obligation de filtrage imposée aux hébergeurs

Si jamais une obligation de filtrage était imposée aux hébergeurs, ceci serait extrêmement dangereux. Avant d’être dangereux, ceci serait extrêmement difficile à mettre en place techniquement :

  • OVH loue des centaines de milliers de serveurs dans le monde ;
  • La loi ne pourrait s’appliquer qu’aux résidents français ;
  • Comment déterminer qu’un contenu mis en ligne ou téléchargé est libre de droit automatiquement (c’est-à-dire grâce à un système informatique capable d’être efficace) ? Plusieurs millions de fichiers sont échangés sur les centaines de milliers de serveurs de l’infrastructure d’OVH au quotidien.

Et puis surtout ceci serait extrêmement dangereux. En demandant aux hébergeurs de filtrer le contenu qui est stocké sur les serveurs qu’ils louent, on leur donne des droits qui sont réservés à la justice. Un intermédiaire technique serait alors en droit (et en devoir d’après la loi) de déterminer, lui seul, quel fichier peut et ne peut pas être stocké sur ses serveurs. Ceci pourrait engendrer des dérives importantes voire catastrophiques :

  • L’hébergeur incapable de proposer un système informatique pouvant déterminer automatiquement si un fichier est libre de droit ou non interdit à ses clients de modifier des fichiers en dehors des heures de bureau, entre 8h et 18h. Tout nouvel envoi de fichier vers un serveur devra être validé humainement, ce qui peut prendre plusieurs heures voir plusieurs jours.
  • Votre hébergeur ne partage pas les mêmes convictions politiques que vous et décide de censurer ou d’altérer le contenu de l’article politique faisant controverse que vous avez rédigé et que vous voulez mettre en ligne.
  • Votre hébergeur ayant l’obligation de prêter attention à ce que vous faites sur votre serveur s’aperçoit que vous développez un outil qui pourrait être très utile pour son fonctionnement. Sans vous mettre au courant, il fait une copie de votre travail.

Imaginez que quelqu’un s’amuse à censurer, ou pire, à modifier les mots que vous formulez quand vous parlez à quelqu’un, face à face. Plutôt gênant non ? Et bien ceci pourrait être encore plus grave : votre droit de publier ce qui vous chante pourrait être remis en cause.

La neutralité technologique et la neutralité du réseau ne sont pas des fantaisies techniques. Ces principes sont fondamentaux pour la protection de nos droits.

Raildar

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RaildarL’open data a le vent en poupe en ce moment, et on ne peut qu’applaudir les initiatives des institutions qui font le choix de mettre à la disposition de la communauté une partie de leurs données. Dernièrement c’est le gouvernement français qui a montré l’exemple en refaisant complètement la plateforme data.gouv.fr regroupant les données provenant des services publics français.

Récemment, la SNCF s’est lancée partiellement dans l’open data. Guillaume Pepy a du faire partie de l’initiative, lui qui a promis que de nouveaux outils innovants seraient édités prochainement par la SNCF. Pour autant, on ne peut pas encore dire que la SNCF met à la disposition de ses usagers des outils appropriés pour visualiser ses données publiques.

Spyou a décidé de prendre les devants et propose depuis le mois de décembre 2013 un outil très intéressant nommé Raildar (on notera le jeu de mots !) qui permet de suivre les trains circulant en France en quasi temps réel. Comme indiqué sur le wiki de Raildar,

Les données proviennent d’une collecte permanente et (très) régulière des informations de circulation disponibles sur divers sites officiels (infolignes, gares-en-mouvement, …) et nous les avons rapproché des informations théoriques fournies par les API SNCF officielles pour créer notre propre API mêlant données théoriques de circulation et informations temps réel.

Le résultat est bluffant. Et comme un lien vaut mieux qu’une longue description, je vous donne ceci : raildar.fr.

EasyPHPCharts

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Area Chart
Last week I released on GitHub a quite simple PHP class to easily build beautiful charts from www.chartjs.org. The source code can be found on GitHub here: github.com/AntoineAugusti/EasyPHPCharts. Do not hesitate to submit a pull request if you found a bug or a typo in my code. I’m quite sure that the code isn’t perfect yet.

A documentation can be found at GitHub Pages : antoineaugusti.github.io/EasyPHPCharts/. If you consider that the documentation is not detailed enough, please e-mail me! If you want to implement new features, please take a loot at the ChartJS Documentation : www.chartjs.org/docs/.

I hope you’ll be able to draw beautiful charts 🙂

Kids Can’t Use Computers… And This Is Why It Should Worry You

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Kids and computersIl y a quelques jours, Marc Scott, un enseignant en informatique a publié un article sur Coding 2 Learn intitulé “Kids Can’t Use Computers… And This Is Why It Should Worry You” et qui a depuis fait beaucoup parlé de lui.

Dans cet article Marc relate les situations auxquelles il est confronté au quotidien : des élèves, des professeurs qui viennent lui demander de l’aide parce qu’ils rencontrent un problème avec leur ordinateur. Il s’étonne que ces personnes n’arrivent pas à régler ces soucis, assez classiques et qui peuvent être résolus avec un peu de bon sens ou au pire à l’aide d’une recherche sur un moteur de recherche. Il en arrive à la conclusion que la plupart des personnes ne savent pas utiliser un ordinateur, et que ceci est inquiétant vu la place de l’informatique dans notre société.

J’ai trouvé cet article absolument passionnant. Tout d’abord parce qu’il est bien écrit, ensuite parce qu’au-delà de la critique dans un premier temps, Marc donne des pistes sur ce qui a pu mener à ceci et des moyens pour essayer d’enrailler le phénomène.

L’article original peut être lu ici : coding2learn.org/blog/2013/07/29/kids-cant-use-computers/.
Une traduction française par Nathalie Pauchet peut être lue ici : lunatopia.fr/blog/les-gamins-ne-savent-pas-utiliser-les-ordinateurs.

Étude des données de Teen Quotes

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Teen Quotes ?

Teen Quotes est un projet sur lequel je travaille depuis novembre 2010. En quelques mots, Teen Quotes est un site regroupant des citations du quotidien des adolescents à propos de leurs centres d’intérêts : l’école, les amis, les premiers amours, les premières peines. Teen Quotes est intégralement en anglais, a déjà enregistré plus de 1,5 M visiteurs et est présent sur Twitter, Facebook, le web, le web mobile et l’App Store.

Miam, des données !

Poussé par la réalisation d’un projet pour mon cursus à l’INSA de Rouen, j’ai décidé de prendre le temps de faire une analyse plus complètes des données associées à Teen Quotes. Teen Quotes étant déjà un projet ouvert (le code source est majoritairement libre de consultation), il apparait comme logique que l’étude de ces données soit publique.

Sans plus attendre, voici les liens pour consulter cette étude :

Using Google Apps Script: an example with Gmail

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Google Apps Script. Wait…what?

A few months earlier, I discovered Google Apps Script and decided to play with it. Google Apps Script allows you to interact with many Google products (Gmail, Documents, Finance, Maps, Calendar) by writing some code for these apps. The amazing point is that the documentation for Google Apps Script is just awesome. I’ll write it again because it really is: it’s awesome. The documentation is really well written and the Google team provide useful (and so much powerful!) functions. And last but not least, it’s beautiful. Amazing.

An example with Gmail

Once again, a few months ago, I saw on Twitter that a guy was complaining about his Gmail Inbox. This guy received a lot of emails everyday (he said more than 300 if I remember well) and hadn’t enough time to read them all. So he asked on Twitter, “Is there a way to tell people that I just want to read short emails?” and someone gave him just a little script to do so. This script used Google Apps Script and especially the GmailApp class. You can read the documentation of this class here: developers.google.com/apps-script/reference/gmail/gmail-app.

I was excited about that: the code was really beautiful, simple and powerful. So I decided to rewrite it by myself, just to try writing my very first Google Apps Script. Enough talk, here is the code!

Okay, seems cool. How to use it?

Well, my goal was just to show how awesome Google Apps Script could be. I don’t think that you want to use this script for your personal use (unless you’re a very popular person!). But if you still want to use it for you, just go to script.google.com, create a new file, copy and paste the code and try executing it. Google will ask your approval before you’ll be able to interact with Gmail thanks to this code (thanks Google for this security).

Test it, and once you’ll like the way it works, run periodically this code (e.g. every 5 minutes) with a timer by selecting “Resources” > “Current project’s triggers…” in Google Script. Your Inbox will always be super clean 😉

Ressources

Your bible, the documentation for Google Apps Script: developers.google.com/apps-script/.

Le marketing autour de Facebook Home. Mieux connecter les personnes ?

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Facebook Home, c’est quoi ?

Facebook a annoncé le lancement de Facebook Home le 4 avril 2013 après de nombreuses rumeurs autour d’un possible “Facebook Phone”. Facebook Home n’est en réalité qu’une application à télécharger qui modifie votre smartphone en profondeur (écran de verrouillage, menus etc.). L’objectif annoncé de Facebook Home est de placer les personnes au coeur de votre téléphone, et non les applications comme Mark Zuckerberg l’expliquait lors de cette présentation :

“Quand on décide de parler à quelqu’un, ce n’est pas l’application que l’on utilise pour le faire qui est importante. C’est la personne avec qui on souhaite parler.”

Les vidéos de présentation de Facebook Home

Le marketing mené par Facebook autour de son nouveau produit Facebook est assez surprenant. L’entreprise a opté pour une stratégie plaçant le mobile fortement en avant depuis quelques mois et la campagne menée autour de Facebook Home confirme cette volonté. Nouveauté pour le lancement d’un produit Facebook, le lancement a été accompagné de nombreuses vidéos de présentation. Comme pour les précédentes nouveautés on retrouve une page de présentation du produit (www.facebook.com/home) mais je vais m’attarder sur les vidéos associées au lancement de Facebook Home. Je vais vous présenter rapidement les différentes vidéos et m’attarder plus longuement sur la dernière (en tout cas pour le moment) nommée “Facebook Home Dinner”.

La vidéo la plus diffusée
La vidéo la plus mise en avant par Facebook présente le principal avantage annoncé de Facebook Home : il permet d’être connecté encore plus rapidement aux personnes qui nous intéressent. Elle a été diffusée lors de la conférence de présentation du produit et est mise en avant sur la page dédiée. Elle a également été relayée par Mark Zuckerberg sur son compte personnel et par la page Facebook de Facebook sur Facebook (ah ah). On y retrouve tout un tas de personnes, très heureuses et un produit qui leur simplifie la vie. C’est le type de vidéo classique de Facebook : très centrée sur les personnes, Facebook est présent mais toujours pour mieux connecter les personnes.

L’avion
Une personne dans un avion sur le point de décoller jette un rapide coup d’oeil à son téléphone. Il reste connecté à la vie de ses amis en naviguant sur son écran de verrouillage. Ceci est matérialisé par l’irruption dans l’avion de ses amis pratiquant l’activité qu’ils avaient partagé sur Facebook (ce processus sera utilisé dans les autres vidéos).

Le lancement de l’application
Le lancement de l’application s’est fait le 12 avril 2013. Dans cette vidéo, on retrouve Mark Zuckerberg qui vient remercier les équipes d’ingénieurs qui ont travaillé sur Facebook Home. Nouveauté très surprenante pour Facebook, la situation est tournée en dérision encore une fois par les irruptions des amis de l’ingénieur qui jette un coup d’oeil à son téléphone avec Facebook Home. On a pour la première fois un ton comique dans une vidéo de présentation de produit Facebook, chose tout à fait inhabituelle !

Le dîner
Dans cette vidéo, on retrouve une adolescente qui participe à un dîner de famille. Ennuyée par les conversations, elle jette un coup d’oeil à son smartphone pour se distraire et retrouve tout de suite ses amis grâce à Facebook Home (encore une fois, ses amis font irruption dans la pièce).

C’est cette vidéo que je trouve vraiment limite. Je dois avouer que j’avais beaucoup apprécié les autres : très bien réalisées, rigolotes, vraiment jolies. Mais cette vidéo ravive ma peur initiale : a-t-on vraiment besoin d’être toujours sur son smartphone, dans ce cas dans un monde baigné par Facebook ?

L’hyperconnexion

Je trouve que cette dernière vidéo montre le plus la situation dans laquelle sera utilisée Facebook Home : pour se distraire volontairement, s’évader voire même s’effacer de ceux qui nous entourent. Je suis personnellement très sensible à ces problématiques, ayant déjà étudié le phénomène du technostress l’année dernière. Facebook veut pousser ses utilisateurs à une immersion quasi totale de ses utilisateurs dans ses produits (et il n’y a aucun mal à vouloir faire ceci, c’est tout à fait logique). Reste le problème de l’utilisation de ce nouveau produit.

J’avais beaucoup aimé un projet de photographie qui s’intitule “We never look up”. Un photographe rassemble sur un Tumblr des photos de gens utilisant leur smartphone, tablette ou ordinateur dans n’importe quelle situation. Vous pouvez trouver les photos ici : weneverlookup.tumblr.com. Je trouve que ces photos illustrent bien ce problème déjà existant et qui va inévitablement s’aggraver dans les années à venir.

Au final, on peut s’interroger sur la réelle volonté du produit annoncée : mieux connecter les personnes. De toute évidence, lorsque l’on se connecte “mieux” avec une telle application, on se connecte moins bien avec notre environnement. Ces problèmes sont très délicats et j’espère vraiment qu’un jour nous trouverons un moyen de proposer une technologie saine d’utilisation.

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin sur le sujet, je vous encourage à lire les nombreux articles qui parlent de Facebook Home sur les blogs spécialisés (TechCrunch, Mashable par exemple).

Sources de Facebook :

Les poissons d’avril sur le web

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Comme tous les ans à l’occasion du 1er avril, de nombreux sites web font tout leur possible pour faire les meilleurs poissons d’avril. Une excellente initiative qui permet de bien rigoler !

Voici une sélection des poisons d’avril que j’ai pu trouver aujourd’hui sur le web :

Google

Twitter

SoundCloud

Skype

VDM

LDLC

OVH

Hadopi : rapport sur les moyens de lutte contre le streaming et le téléchargement direct illicites

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Hadopi
Dans le dernier rapport de la comission Hadopi, Mireille Imbert-Quaretta explique comment elle compte lutter contre le streaming illégal et les sites de téléchargement direct. Après l’échec du sanctionnement des utilisateurs prévu par les précédentes lois, ce rapport fait le point sur la situation actuelle du téléchargement illégal et prévoit de s’attaquer aux intermédiaires techniques plutôt qu’à l’utilisateur final.

Impliquer les intermédiaires techniques dans la lutte contre le téléchargement illégal

Citons le rapport, page 23 :

Les intermédiaires techniques jouent un rôle dans la diffusion de contenus illicites à
travers les mécanismes d’accès à Internet, de transmission de contenus et de
navigation sur Internet. Ces intermédiaires sont principalement les
fournisseurs d’accès à Internet (FAI), les hébergeurs techniques, les registraires de
noms de domaines, les moteurs de recherche et les éditeurs de logiciels de sécurité
ou susceptibles d’être utilisés par l’internaute pour accéder aux contenus.

Passons donc en revue les différents intermédiaires techniques que veut impliquer Hadopi dans la lutte contre le téléchargement illégal.

  • Les fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Hadopi indique que les FAIs sont capables de mettre en place divers types de blocages pour limiter l’accès au contenu jugé sensible ou non respectueux de la loi. Ces blocages peuvent être de plusieurs sortes : blocages par URL, par adresse IP ou par nom de domaine. La commission indique bien que n’importe quel blocage, quel qu’il soit, ne sera jamais totalement efficace et qu’il pourra toujours être contourné compte tenu des particularités de l’Internet. Toutefois, ces blocages ne sont pas écartés : leur mise en place pourrait “néanmoins contribuer à une réduction globale des violations du droit d’auteur en ligne”.
  • Les moteurs de recherche. Les moteurs de recherche permettent à l’internaute de trouver le contenu associé à leur recherche. Ainsi, ils sont à même de mener l’internaute vers un site proposant des contenus illicites. Cette recherche est parfois facilitée par les suggestions proposées par les moteurs de recherche qui orientent alors plus rapidement l’internaute vers une solution illégale (par exemple “Autocomplete” proposé par Google). La commission Hadopi préconise donc plusieurs solutions : un déférencement total des sites hébergeant des contenus illicites, une censure des suggestions automatiques sur certains termes ou noms de site ou bien une baisse du référencement de certains sites pour limiter le trafic vers ceux-ci.
  • Les hébergeurs techniques. Les hébergeurs techniques sont ceux qui mettent à disposition des infrastructures (par exemple des serveurs) pour héberger des sites web. Hadopi rappelle que lorsqu’un hébergeur reçoit une notification indiquant qu’un site utilisant son infrastructure héberge du contenu illicite, il n’a en principe pas la possibilité de retirer le seul contenu ayant été signalé. Le seul moyen de réponse qu’ait un hébergeur de contenu étant la coupure totale de l’accès au serveur, ce qui est manifestement disproportionné. La commission compte donc sur la seule pression que peut exercer un hébergeur sur son client pour retirer le contenu illicite mis en ligne.
  • Les registraires de noms de domaine. En faisant une demande à un registraire (une organisation gérant les noms de domaine), il est possible de rerouter des requêtes. Pour rappel, c’était cette technique qui avait été utilisée par le FBI pour rerouter les requêtes destinées à MegaUpload vers une page du FBI. Problème : les registres des noms de domaines sont propres à chaque pays et la France n’a donc autorité que sur les “.fr”. Pour complément, ce sont les États-Unis qui ont le contrôle du “.com” (top level domain le plus utilisé pour les actes illicites).
  • Logiciel ou navigateur. Hadopi envisage l’installation d’un plugin fonctionnant dans un navigateur ou encore un logiciel à télécharger pour pouvoir opérer un filtrage. Problème : qui serait assez fou pour télécharger un tel plugin ou logiciel ?
  • Les systèmes d’exploitation. Devant l’échec de la mesure précédente, Hadopi envisage d’intégrer des outils qui pourraient servir à du filtrage dans les systèmes d’exploitation. Avantages selon la commission : cette mesure affecterait énormément de monde et il y aurait peu d’acteurs à convaincre (quelques entreprises se partagent la grande majorité du marché). Problème de taille : il faut réussir à convaincre ces entreprises et respecter les réglementations étrangères. Sans mentionner qu’il sera toujours possible de trouver des systèmes d’exploitation libres de mouchards sur Internet pour celui qui le voudra.

Voilà les solutions techniques envisagées par la commission Hadopi pour lutter contre le streaming et le téléchargement direct illicites. Le rapport présente également des idées à appliquer au niveau des intermédiaires de paiement et des acteurs de la publicité, qui rémunèrent les sites hébergeant ou pointant vers du contenu illicite.

Je vous recommande la lecture de ce rapport (un petit peu long : 151 pages certes, mais seulement 46 pages de véritable rapport) qui est disponible à l’adresse : www.hadopi.fr/sites/default/files/page/pdf/Rapport_streaming_2013.pdf.

Interview : “Quelle est l’utilité d’un Hackathon”

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Facebook Engineering

Photo : l’équipe de Facebook Engineering au travail.

Récemment une journaliste du journal La Tribune (journal économique et financier Français) m’a contacté pour me poser quelques questions à propos du Hackathon auquel j’avais participé en décembre 2012 en rapport avec le thème de “l’innovation participative”.

Avec mon ami Merlin NIMIER-DAVID nous avons répondu aux questions que cette journaliste nous a posé. Voici le compte-rendu complet de notre échange :

Que cherchiez-vous en participant à cet événement ?

En participant à ce Hackathon, nous cherchions avant tout à nous amuser entre amis développeurs. Nous nous connaissions tous dans notre groupe et nous avions l’habitude de travailler ensemble, autour de projets très sérieux. Le Hackathon était une excellente occasion pour nous de laisser libre court à notre créativité et coder sans avoir de restrictions (pas de cahier des charges, de réunions, de longues phases de test) pour se concentrer sur notre corps de métier : le code que nous écrivons en équipe. C’était une excellente occasion pour se pencher sur de nouveaux défis, découvrir de nouvelles techniques, le tout dans un temps limité !

Nous cherchions également à rencontrer d’autres personnes évoluant dans le même milieu que nous pour voir leurs façons de travailler, leurs idées, leurs habitudes. Il est toujours très intéressant de confronter son travail avec des personnes extérieures et compétentes. C’était par ailleurs l’occasion de créer de nouveaux liens, de se faire de nouveaux amis, et pourquoi pas de chercher du monde à recruter !

Qu’en retirez-vous de plus positif ? Et de négatif ?

Notre plus grande fierté était d’avoir réussi à créer un produit fonctionnel au bout de 28 heures, en équipe. Il était également important pour nous de présenter notre projet aux autres équipes, notre point de vue à propos de celui-ci et d’échanger avec les autres équipes autour de leurs projets.

Les échanges étaient très constructifs durant toute la durée du Hackathon et il était très courant de voir les équipes aller voir ce que faisaient les autres et discuter avec eux durant ces 28 heures. Ceci permettait d’avancer, tous ensemble !

Je pense que c’est cet échange qui est le point le plus positif de l’événement.

Le point le plus négatif était peut-être… De devoir retourner en cours le lendemain ! C’est dur de revenir à “la réalité” après 28 heures de pure concentration, sans sommeil.

Participe-t-on d’abord à ce type d’événement pour « le jeu » ou pour gagner ?

Je pense que les équipes participent avant tout à ce type d’événement pour le jeu, et non dans l’objectif de gagner. Les gens participent pour la bonne ambiance qui règne (locaux mis à disposition, repas et boissons offerts, animations proposées) et pour le défi que représente l’événement (difficulté, créativité, longueur, fatigue).

Bien évidemment chaque équipe fait de son mieux pour réaliser le meilleur projet, mais le véritable but est d’avoir réussi à se surpasser et à réaliser un projet dont l’équipe est fière.

Enfin, personnellement, je pense que pour les développeurs, la reconnaissance de ses “semblables” est très importante. Les collègues savent pertinemment discerner ce qui a été difficile à concevoir et les endroits où des efforts importants ont dû être fournis.

Avez-vous le sentiment de faire partie d’une nouvelle génération de développeurs prêt à prendre des risques, à chercher de son côté sans être payé, seuls, AVANT de se faire repérer par une grande entreprise ou organisation ?

Je ne pense pas que le métier de développeur soit un métier dans lequel on se retrouve par hasard. L’immense majorité des développeurs que je connais ont tout d’abord cherché à bidouiller de leur côté avant de se lancer dans un apprentissage plus classique, scolaire.

C’est pourquoi je pense que la génération actuelle des développeurs est prête à prendre des risques : à monter des projets de son côté, sans entreprise, seul ou entre amis.

L’argent est loin d’être le seul attrait du développeur. Je pense que celui-ci cherche à créer un produit utile à lui-même et à ses utilisateurs, bien construit techniquement et qui aura une certaine notoriété dans la communauté. On ne voit pas souvent les développeurs comme des personnes créatives, et pourtant, je pense fortement le contraire. Écrire du code demande une compréhension de l’utilisation du produit, du rapport qu’aura l’utilisateur avec le produit. Sans parler de la créativité lors de la rédaction du code en lui-même : c’est loin d’être un exercice se faisant automatiquement !

C’est pourquoi de nombreux développeurs cherchent une certaine estime, une reconnaissance de leur travail, au-delà du côté technique pur.

Participez-vous régulièrement à de tels concours ? Comptez-vous le faire à nouveau ?

Malheureusement de tels événements ne sont pas organisés très régulièrement en France pour le moment, encore moins en Normandie. Toutefois je pense que les entreprises commencent à réaliser peu à peu l’intérêt de tels événements pour leurs entreprises. Aux États-Unis par exemple il est très commun que des entreprises organisent des Hackathons internes pour stimuler la créativité de leurs équipes et ainsi privilégier la création de nouveaux produits, qui peuvent être repris en tant que projet à part entière par la suite. Les écoles et universités organisent également de tels événements pour faire parler d’elles et montrer ainsi que leur enseignement est efficace et amène à la création de projets intéressants.

Je pense que ce type d’événement sera bien plus répandu dans quelques années. Ce qui est sûr, c’est que nous y participerons de nouveau, chaque fois que l’occasion se présentera. C’est une expérience très formatrice, un gain d’expérience énorme et de très bons moments. Pourquoi s’en priver ?

Si vous en aviez la possibilité participeriez-vous à un hackathon organisé par Facebook ?

Facebook organise souvent des Hackathons internes et des Hackathons ouverts aux participants extérieurs, dans le but de déceler de futurs recrues. Facebook est une entreprise très attachée à ce concept, cette philosophie du “hacker”. C’est un concept très profondément ancré dans la culture de l’entreprise.

Si nous en avions la possibilité, bien évidemment nous participerions à un hackathon organisé par Facebook. Toutefois, nous ne sommes pas sûrs que nous aurions des chances de finir “bien classé”. Mais je suis certain que l’expérience que nous aurions vécue serait tellement enrichissante que ceci ne nous importerait vraiment pas.